Voici un guide pratique pour préparer puis analyser des pelotes de réjection de rapaces nocturnes. Cet article vous propose donc une liste de matériel, des techniques ainsi qu’une bibliographie.
Stériliser les échantillons récoltés
La première étape après récolte de vos pelotes de réjection consiste à les conserver. Attention à toujours vous laver les mains après avoir manipulé des pelotes de réjection ou à bien utiliser des gants ! Les pelotes vieillissent mal, elles peuvent pourrir et des insectes ont pu pondre dedans avant récolte. Il faut donc tuer les agents biologiques pouvant les dégrader. Pour se faire, il existe deux méthodes efficaces. Vous pouvez congeler les pelotes dans un double sac au congélateur (réservez un bac spécial sans aliments), ou bien les passer au micro-onde dans une boite spécifique entrouverte pendant 30 secondes à puissance max. Toujours stocker par la suite vos pelotes stérilisées dans un endroit sec et inaccessible pour vos enfants.
Etiquetage des échantillons
Il est important de bien vous y retrouver dans vos échantillons ! Dans ma collection personnelle, chaque pelote est étiquetée séparément. Le code d’usage que j’utilise l est le suivant : Genre_Lieu_xxx .
Le Genre_ correspond au nom scientifique du rapace. J’utilise pour le Lieu_ les mêmes lieux-dits que Faune France. Par exemple, Asia_Chappes_087. Vous pouvez bien entendu adapter votre étiquetage selon vos besoins !
Nettoyage des échantillons
Préparer de l’eau de javel à l’aide de pastilles de javel (rayon droguerie de supermarché) en les dissolvant une par une à saturation (verser de l’eau du robinet tant que la pastille n’est pas entièrement dissoute).
Premier lavage : Tremper les pelotes de réjection pendant 2h minimum dans l’eau de javel. La récupérer à l’aide de pinces fines. Sur un support plastique avec sopalin, la disséquer délicatement à l’aide d’outils de dissection. Nettoyer grossièrement les os récupérés en les dégageant de leur gangue de poils.
Second lavage : replonger les os dans de l’eau de javel pendant 1h pour achever leur nettoyage. Vous pouvez couper l’eau de javel avec de l’eau du robinet 50/50 vol/vol pour laisser tremper les os ainsi dégagés pendant une nuit entière. Ne pas dépasser cette durée, sinon les os risquent de devenir friables et les colorations naturelles blanchiront (ce qui cause problème dans le cas de l’identification des musaraignes « à dents rouges »).
Troisième lavage : retirer les os de leur bain d’eau de javel, effectuer un dernier nettoyage. Il faut être très précautionneux à cette étape avec les crânes et mandibules, éviter que les dents ne se déchaussent accidentellement. Préparer une eau de lavage à détergent doux : mélanger 250 ml d’eau avec une petite goutte de produit vaisselle. Utiliser cette eau pour tremper une dernière fois les os nettoyés pendant au moins 1h (cette étape peut durer 24h sans problèmes). S’il reste encore trop de poils en suspension dans l’eau, renouveler fréquemment l’eau de rinçage.
Séchage : disposer délicatement les os sur un sopalin, laisser sécher une nuit entière. Une fois secs, ils doivent prendre un bel aspect blanc crème. Les stocker dans un tube étiqueté selon le code expliqué en partie 2.
Matériel d’observation et de mesures
Loupe binoculaire : la loupe binoculaire permet d’observer à faible grossissement des objets épais. Elle donne une image agrandie et en relief grâce à ses deux oculaires. Un éclairage par le haut permet d’observer les ossements et crânes. Privilégiez un modèle de loupe binoculaire avec éclairage intégré. Le calcul du grossissement se fait en multipliant le chiffre marqué sur l’oculaire par celui marqué sur l’objectif : G = X(oculaire) x X(objectif).
Loupe de géologue : petit modèle de loupe, d’un grossissement x10 ou x20, très pratique car peu encombrante. Elle permet d’observer rapidement des détails anatomiques faciles d’accès ou d’éviter d’investir dans une loupe binoculaire. Notez qu’une loupe de géologue est un outil très pratique pour un naturaliste, l’investissement n’est donc jamais inutile !
Pied à coulisse : instrument de mesure indispensable, car la plupart des déterminations se base sur des comparaisons précises de longueurs ou de largeurs.
Analyse des échantillons
Observez les ossements dans une pièce lumineuse. La plupart du temps, les crânes et mandibules suffisent pour travailler, mais nettoyer d’autres ossements peut se révéler utile. Aussi un plan de travail propre, organisé et bien éclairé est indispensable ! Utilisez une loupe de géologue une loupe binoculaire pour identifier les critères de détermination.
Plusieurs clés de détermination sont disponibles en version papier ou sur internet. En voici une petite bibliographie non exhaustive :
- Boulanger A. (2018). Identification des proies des rapaces nocturnes des Hauts-de-France.
- Couzi L. (2011). Identifier les petits mammifères non-volant, Erinaceomorpha, Soricomorpha, Rodentia d’Aquitaine. LPO Aquitaine / Faune Aquitaine.
- Pelotes ! Décortiquer et déterminer. Les cahiers techniques de la Gazette des Terriers. CPN (2010).
- Rolland C. (2008). CORA Faune Sauvage – Clé d’identification des micro-mammifères de Rhône-Alpes.
Saisir les données sur Faune-France : attention, la majorité des pelotes de réjection ne sont pas identifiables jusqu’à l’espèce, surtout pour les pelotes de Chouettes hulottes ! Il convient de rester prudent et de se limiter aux taxons indéterminés en cas de doute. Sur le menu « contrôler mes listes » vous pouvez prendre connaissance des différents taxons indéterminés ; allant pour vous donner une idée, de « Micro-mammifère indéterminé » à « Campagnol agreste/des champs » !
Il est important de garder à l’esprit que ces approximations sont souvent saisies faute de détermination plus probante. Lorsque vous transmettez vos donnés, indiquez dans les détails d’observation l’option « analyse de pelote » du menu déroulant « conditions ». Merci de saisir vos données selon le jour et le lieu-dit de récolte.
Communication des données : vous pouvez confier vos échantillons à un groupe naturaliste ; pensez aussi à leur adresser un export ou une capture d’écran de vos saisies sur Faune-France pour archivage ! Les groupes mammalogiques effectuent régulièrement des suivis spécifiques, vos données leur permettront de mieux connaître la biodiversité dans leur secteur d’action. Merci pour eux !