L’automne venu, le brame du Cerf est un rendez-vous incontournable pour tous les amoureux de la Nature. Mais lors de vos écoutes, il convient de respecter quelques règles de bonne conduite ! Afin de préparer votre prochaine excursion en forêt, cet article vous propose de mieux découvrir la biologie du Cerf. Enfin, quelques conseils pratiques vous permettront de vivre ce moment dans le respect de la faune sauvage.
Le Cerf élaphe (Cervus elaphus) figure parmi les animaux emblématiques des forêts. Ce mammifère Ongulé de la famille des Cervidés se caractérise par un très fort dimorphisme sexuel. Les mâles portent des bois caducs (organes osseux) dès leur seconde année, alors que les femelles et les faons en sont dépourvus. La taille, le poids et la morphologie des mâles continue également à se différencier avec l’âge.
Les noms désignant cet Ongulé varient aussi selon le sexe et l’âge ! De la naissance à 6 mois, le petit dépendant de la biche se nomme le faon. A partir de 6 mois, le mâle se nomme un hère. Puis à 12 mois, quand et tant que ses premiers bois en forme de dague pousseront (1 – 2 ans), il sera appelé daguet. La femelle ne se nomme bichette qu’à partir de 12 mois. Enfin à 24 mois, à sa première saillie, elle devient une biche. Contrairement à une croyance populaire, le nombre de cors sur les bois d’un mâle ne permet pas de connaître son âge !
Le territoire du Cerf
Contrairement à l’image champêtre qui l’accompagne, le Cerf n’est pas un Cervidé strictement forestier. Il a besoin d’un vaste espace vital diversifié, comprenant aussi bien des boisements que des clairières, landes, lisières et même prairies et cultures. N’oublions pas que le Cerf était autrefois une espèce des milieux ouverts ! De part cette large surface exploitée, le Cerf est susceptible d’être soumis aux variations de ressources alimentaires et pressions anthropiques liées à l’occupation des sols. Les femelles ont ainsi un espace vital de l’ordre de 3000 hectares maximum, tandis que l’espace vital des mâles atteint les 5000 hectares.
Néanmoins, le Cerf n’est pas un animal solitaire, mais grégaire. Son comportement s’anime autour d’une organisation sociale matriarcale la plupart du temps. La cellule familiale compte une biche, son faon et son petit de l’année précédente. Plusieurs cellules familiales forment une harde. Les mâles ont tendance à se regrouper entre eux, de manière moins stable, et plutôt par classe d’âge.
Alimentation
Selon la saison, le comportement alimentaire du Cerf varie. Cet herbivore ruminant consomme majoritairement des plantes herbacées héliophiles. Ses besoins alimentaires sont maximaux au printemps et à l’été, minimaux en hiver. Ceci s’explique par la dépense énergétique liée à la repousse des bois des mâles après leur chute (mars) et la fin de gestation et lactation (juin-juillet) des femelles. A la belle saison, il broute de bourgeons, jeunes pousses d’arbres et d’arbustes, graminées, plantes herbacées, lierre. En automne et en hiver, il se nourrit de feuilles de ronces, fruits forestiers, fougères… En moyenne, un individu adulte consomme 10 à 15 kg de Végétaux par jour.
Brame et reproduction
Le Cerf est connu pour ses bois, symbole de son dimorphisme sexuel prononcé. S’ils tombent à la fin de l’hiver, ils repoussent au cours du printemps sous le velours (enveloppe nourricière, duveteuse et irriguée de sang). Au milieu de l’été, les velours tombent. Les mâles frottent alors leurs bois pour les dépouiller totalement et consomment les lambeaux de velours. Leurs bois s’aiguisent de ce fait également, ce qui rend ces organes osseux particulièrement dangereux lors des combats entre mâles.
Dès la période de reproduction, l’organisation classique des populations éclate. Commence alors la saison du brame (septembre – octobre). Les mâles dominants sont alors polygames et rejoignent les femelles pour se constituer des harems. Jour et nuit, ils enchaînent les raires et les brames pour délimiter leur territoire. Les joutes sonores peuvent déboucher sur de spectaculaires combats entre mâles belliqueux, allant parfois jusqu’à des blessures mortelles. Ce n’est qu’une fois les biches fécondées que les mâles, épuisés et amaigris, quittent leur territoire pour reconstituer leurs forces. Au terme de huit mois de gestation, la biche met bas d’un petit qui sera dépendant d’elle pendant près de deux années.
Les bonnes conduites à tenir au brame du cerf
Les Cerfs sont des animaux sauvages. Le brame nous offre un spectacle majestueux. Mais il ne s’agit pas d’artistes habitués au public ! Restez donc discret et précautionneux pour ne pas les déranger.
– Les Cerfs sont très sensibles aux odeurs et au dérangement. Évitez de vous parfumer.
– Ne faites pas de bruit en affût ou en promenade crépusculaire. On ne téléphone pas, on discute en chuchotant, pas d’enceintes Bluetooth. La repasse (diffusion de brames enregistrés) est interdite. Portez des vêtements sombres pour rester discret.
– Ne cherchez pas à vous approcher. Les mâles peuvent être agressifs en cette période, les femelles peuvent chercher à défendre leur faon. Pour observer de loin, utilisez des jumelles avec un bon indice crépusculaire.
– Ne vous écartez pas des sentiers autorisés et des lieux d’observation matérialisés. Pas de détritus dans la nature.
– Ne cherchez pas à éclairer les animaux (formellement interdit). Les lampes doivent pointer le sol pour retrouver le chemin de votre véhicule.
– Pas de chien, même tenu en laisse.
– Enfin, si vous souhaitez bivouaquer, respectez les règles relatives au site que vous visitez durant le brame du cerf. Se renseigner en office de tourisme ou en mairie si nécessaire.