Oiseau appartenant à la Famille des Caprimulgidés (69 espèces), l’Engoulevent d’Europe mesure 28 cm de longueur pour une envergure de 54-60 cm. Son poids est de 67-100 g. Sa longévité dans la nature ne dépasserait pas 8 ans. En France, l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) n’est pas le seul oiseau du genre présente. En effet est également présent l’Engoulevent à collier roux (Caprimulgus ruficollis) sur la côte méditerranéenne.
Son nom mystérieux provient d’une fable de la Grèce antique rapportée par Aristote. Le célèbre auteur grec prétendait que ces oiseaux au bec déformé tétaient le lait des chèvres. C’est ainsi que son nom latin de caprimulgus fut traduit dans plusieurs langues : Têttechèvre, Ziegenmelker, Goatsucker, Chotacabras …
Oiseau crépusculaire, il s’identifie surtout à son chant caractéristique. Il commence en effet à chanter au crépuscule, dans l’heure du coucher de soleil. Il poursuit son ronronnement depuis une branche, plus rarement en vol. Ce son provient de brèves et fréquentes entre-ouvertures du bec. Il cesse temporairement de chanter parfois vers minuit, pendant 1-2 heures, avant de reprendre jusqu’à l’aube.
Ses activités dépendent enfin de la Lune et de la météorologie : importantes par nuits claires, elles sont stoppées par de mauvaises conditions météorologiques ou par une obscurité trop profonde.
Alimentation
L’Engoulevent chasse en vol pour capturer les insectes à faible hauteur : de la canopée des arbres au ras du sol. Il ne se nourrit pas au sol. Son bec particulier et sa silhouette lui permettent de capturer ses proies en virevoltant.
Il se nourrit de moustiques (tipules, etc…), de coléoptères (hannetons, etc…), d’hyménoptères (fourmis ailées), de papillons nocturnes (Hétérocères), ainsi que de divers insectes volants. L’Engoulevent consomme en moyenne 17 g de nourriture pour 1-3,5 heures de chasse nocturne.
Cet oiseau présente aussi un comportement original. En effet, l’Engoulevent avale de petits cailloux au sol dans un but encore incertain, et que l’on retrouve ensuite dans ses pelotes de réjection (10×14-17 mm, débris de chitine et petits cailloux).
Comportement et physiologie
Crépusculaire et nocturne, il se cache en journée sur une souche, une branche ou à même le sol. Il semble dormir, les yeux mi-clos, et il s’active dès que la lumière s’abaisse à ≤ 15 lux. S’il est dérangé en pleine journée, il peut s’activer et s’envoler rapidement. Mais il délaissera son dortoir pendant plusieurs jours qu’il considèrera alors comme peu sûr.
Pour économiser son énergie, il ralentit son rythme cardiaque et abaisse sa température interne (40-41°C pour une thermorégulation normale), qui chute à 25-30°C. Il rentre en léthargie afin de jeûner de manière prolongée lors de mauvais temps ou de chasse infructueuse plusieurs nuits de suite.
Habitat
Pour nicher, l’Engoulevent recherche les sols chauds semi-boisés à basse altitude. Il apprécie les espaces ouverts, les friches, les terrains sablonneux ou pierreux qui retiennent la chaleur du soleil. Il est également présent en landes, maquis ou forêts ouvertes, versants de basse montagne, garrigues ouvertes et pistes coupe-feu. En Bretagne, il apprécie les boisements de feuillus ou résineux en cours de régénération, les landes à bruyères, ajoncs et genêts. Les gestions d’espaces naturels ou forestiers privilégiant les coupes disparates avec maintien de clairières lui conviennent. Au contraire des surfaces densément boisées de sylviculture intensive qui lui sont défavorables.
Reproduction
Le mâle défend un territoire dès son arrivée, vers mai. Les joutes sont verbales, les combats physiques rarissimes. La parade nuptiale bat son plein fin mai : le mâle plane, ailes relevées et rectrices déployées, se manifeste par des cris et claquements d’ailes tout en arborant ses tâches de plumage blanches. La femelle effectue ensuite des vols circulaires silencieux.
Le mâle choisit d’abord l’emplacement du lieu de la ponte. Il n’y a pas vraiment de nid, les œufs sont disposés à même le sol, dans un endroit suffisamment caché. Deux œufs sont pondus fin mai ou début juin. La femelle peut alors couver au sol tout en se dissimulant la journée.
Les petits éclosent en juin-juillet et sont semi-nidifuges. Ils quittent peu le « nid » car les nourrissages y ont lieu. Ce lieu finit par se repérer au comportement de défécation en périphérie de l’aire de nourrissage, créant un cercle de fientes blanches typique. Les jeunes sont cependant inactifs le jour et se camouflent dans la végétation du sol. Ils commencent à voler vers 17 jours et sont indépendants à 30-35 jours.
Si possible, la femelle entame ensuite une seconde couvée en juillet sur un autre « nid », laissant au mâle le soin d’achever l’élevage de la première couvée. Il la rejoint ensuite. Le succès reproductif du couple est cependant limité à 1-2 jeunes par an.
Migration
Nocturne et solitaire, la migration de l’Engoulevent début dès juillet pour les jeunes de première nichée. Elle est vite suivie par celle des adultes. Le passage migratoire est maximal fin août. Il n’est alors pas rare, pour l’observateur averti, de croiser un Engoulevent migrateur rasant en vol les coulées naturelles au crépuscule !
L’Engoulevent hiverne ensuite en Afrique tropicale (savane, clairières, plateaux élevés) où cet insectivore trouvera une nourriture encore abondante. De retour fin mars-avril pour les premiers survols européens, les premiers contacts sur les sites de reproduction ont lieu aux alentours du mois de mai.
Protection et conservation
L’espèce est protégée en France. L’Engoulevent d’Europe se classe préoccupation mineure (LC) sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). A l’échelle européenne, les populations d’Engoulevent d’Europe sont cependant en déclin continu. La France enregistre ainsi une légère progression (+8 % pour 1989-2012), mais potentiellement liée à une meilleure prospection sur le terrain. La densité des populations bretonnes sur des sites favorables à sa présence peut atteindre 3-4 chanteurs / 100 hectares.
Le succès reproductif du couple est d’abord conditionné par les facteurs météorologiques, la mortalité des jeunes à l’envol est liée à la prédation par Chouette hulotte, Faucon pèlerin, Epervier d’Europe ou Autour des Palombes. Mais également par les collisions routières.
Cet oiseau nécessite de la part du promeneur de respecter les consignes des sites et espaces naturels : ne pas quitter les chemins balisés, tenir les chiens en laisse, et ne pas utiliser de flashs photographiques puissants au crépuscule.
Bibliographie
Géroudet P. ; Cuisin, M. Les Passereaux d’Europe, tome 1. (2010) Editions Delachaux et Niestlé.
LPO. Atlas des Oiseaux Nicheurs de France Métropolitaine (2015). Editions Delachaux et Niestlé.
Oiseaux.net : Engoulevent d’Europe. [En ligne]