Comment évaluer la biodiversité sur le terrain ?

Evaluer la biodiversité demeure le corps de métier de tout naturaliste. Aussi dans cet article, je vous propose de revenir sur les notions basiques quant à l’inventaire de la biodiversité. L’accent sera donc mis sur les notions au programme d’enseignement scientifique de Terminale générale. Mais tout naturaliste, débutant ou confirmé, y trouvera des informations qui lui seront utiles pour organiser et analyser ses données.

Spatule blanche tadorne de Belon Noirmoutier
Un reposoir particulièrement attractif à Noirmoutier. Crédits photo : Guillaume Calu

Evaluer la biodiversité, mais laquelle ?

Mais qu’entendons-nous par biodiversité ? Il s’agit tout d’abord de désigner l’ensemble des variétés de formes de vie et de leurs habitats sur Terre. Il existe ainsi trois types de biodiversité :

  • La biodiversité génétique : elle regroupe l’ensemble des caractères génétiques au sein des populations d’êtres vivants. Nous y retrouvons la génétique des population et la micro-évolution.
  • La biodiversité spécifique : elle correspond à l’inventaire de l’ensemble des espèces vivant à la surface de la planète. C’est la plus connue des biodiversités et le centre d’intérêt de la systématique.
  • La biodiversité écosystémique : elle inclut l’ensemble de ces unités fondamentales en écologie. Il s’agit autant des biotopes (milieux) que des biocénoses (êtres vivants) qui composent ces cellules fondamentales dynamiques.

Comprendre la biodiversité ne se limite donc pas à la classification du vivant. Son étude inclue des disciplines aussi vastes que la génétique, la géologie, la biologie animale et végétale, l’écophysiologie, l’écologie des écosystèmes, la physico-chimie de l’environnement, la climatologie … Car à sa description se rajoute également l’étude et la prévention des menaces faites à la biodiversité.

Lorsque vous observez la faune ou la flore sur le terrain et conservez vos données, vous évaluez donc la biodiversité spécifique. Si vous prenez en compte certains phénotypes, comme dans le cas de l’orchidophilie de terrain, vous aborderez en partie la biodiversité génétique.

Bien ordonner ses observations de retour du terrain

A partir de données terrain, il est possible d’évaluer la biodiversité selon deux critères distincts :

  • L’abondance : il s’agit du nombre d’individus contactés sur le terrain, soit le nombre total d’observations. Cette abondance peut être qualifiée de relative lorsqu’il s’agit des effectifs d’un taxon précis.
  • La richesse spécifique : cette donnée concerne le nombre de taxons présents. D’accoutumée, il s’agit du nombre d’espèces observées.

Voici un exemple de relevés ornithologiques sur l’estran du Lenn de Louannec (Côtes d’Armor) :

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Liste de données personnelles collectée depuis le site Faune-France.org

Commençons tout d’abord par exporter ces données dans un logiciel tableur (MS Excel ou LibreOffice). Cela nous permettra de trier ces informations par familles taxonomiques et d’appliquer différentes formules à ces comptages.

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Tableau de données obtenu après export de la liste d’observations depuis Faune-France.org

Analyser simplement ses données terrain

Un tableau correctement renseigné et ordonné permet également de gagner du temps lors du traitement des données. Nous pouvons ainsi appliquer des formules afin de calculer les nombres cardinaux des indicateurs de richesses spécifiques.

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Tableau d’indices de biodiversité

Notez comment ces critères d’abondance et de richesse taxonomiques permettent de mieux apprécier la biodiversité lors d’un relevé terrain. En effet, nous obtenons deux informations sensiblement différentes. Un vol d’étourneaux (murmuration) présentera des milliers d’individus, mais sa richesse spécifique ne sera que de 1 ! Aussi l’abondance seule ne suffit pas à rendre compte de la diversité. Il faut donc croiser les données entre elles pour chaque taxon afin de mieux apprécier la diversité du site suivi.

Par exemple, dans le cas de ces observations réalisées dans le Lenn de Louannec, les Anatidés sont la famille taxonomique la plus abondante (61 % des observations), mais ne représentent qu’une faible part de la richesse spécifique (10,5 %). A l’inverse, les Scolopacidae étaient peu abondants lors du comptage (12,3 % des observations) mais cette famille présente sept espèces différentes contactées, soit la plus forte richesse spécifique taxonomique sur le terrain (36,8 %)

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Analyses graphiques des abondances et richesses taxonomiques au cours de ce comptage ornithologique sur le Lenn de Louannec (22).

Approfondir son évaluation de la biodiversité

Ces premières analyses sont fort intéressantes pour évaluer la biodiversité. Mais ne permettent pas de facilement attribuer une « note » de biodiversité au site suivi, ni de rendre compte de la variation de cette note entre chaque relevé. Pour cela, il faut recourir à d’autres indices de biodiversité que j’aborde également sur ce blog. Enfin, notez que nous n’avons pas discuté des méthodes d’inventaire de la biodiversité ! En effet, pour chaque taxon, il est important de choisir la bonne procédure de dénombrement.

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