Choisir sa paire de jumelles mérite tout d’abord mûre réflexion. En effet, que vous vouliez observer les oiseaux, les astres ou tout simplement le paysage, le choix peut se révéler délicat ! Aussi faut-il connaître quelques détails optiques afin d’acheter la bonne paire de jumelles, adaptée à vos besoins et à votre budget.
Dans cet article, nous vous proposons de revenir tout d’abord sur des notions de bases. C’est pourquoi si les termes de grossissement, diamètre d’objectif, pupille de sortie ou encore indice crépusculaire vous sont étrangers, cet article est fait pour vous ! Ensuite, nous aborderons trois cas d’utilisation dans la nature : l’ornithologie, l’astronomie et la randonnée. Enfin, nous présenterons au cours de cet article quelques références dans le but d’éclairer votre choix.
Jumelles de Porro et Jumelles à prisme droit
Il existe tout d’abord deux types de jumelles. Premièrement, les jumelles à prismes de Porro, moins chères à produire mais plus encombrantes. Deuxièmement, les jumelles à prisme en toit, plus onéreuses mais également disponibles sous des formes ultra-compactes. De plus, le choix final entre les ces deux types est souvent financier. Mais comme nous le verrons par la suite, votre type d’usage influera aussi fortement sur votre choix d’achat.
En outre, les jumelles à prisme de Porro offrent un bien meilleur champ de perception de la profondeur pour les objets lointains comparées aux jumelles à prisme en toit. Cela peut donc présenter un confort visuel pour observer des objets à grande à distance ou à très fort grossissement. Cependant, les jumelles à prisme de Porro encombrantes, peuvent nécessiter un trépied et leur mécanisme prend plus facilement la poussière et l’eau. C’est pourquoi elles ne sont pas toujours adaptées à un usage nomade.
Les jumelles à prisme en toit sont par ailleurs plus compactes et légères. Elles ont aussi une distance minimale de mise au point plus courte (environ 2 m en moyenne contre 5 mètres). Elles se révèlent donc polyvalentes pour un usage nomade tout en permettant de grossir des objets de plus près (comme des papillons par exemple). Cependant, elles n’apporteront pas le même confort de vision pour observer des objets lointains. Les modèles à très fort grossissement souffriront donc d’un manque de profondeur de champ.
Description optique d’une paire de jumelles
Souvenez-vous aussi que les jumelles sont un assemblage de prismes et de lentilles. Cependant, deux pièces optiques méritent plus précisément votre attention. L’objectif, d’abord, est la lentille située vers l’objet visé. L’oculaire, ensuite, correspond à la lentille superposée à votre oeil. La performance optique d’une paire de jumelles est donc indiquée par deux nombres, séparés par un « x » . Il s’agit du grossissement G suivi du diamètre D de l’objectif (en millimètres). Par exemple, une paire de jumelles 8×42 grossit 8 fois l’objet observé et présente un diamètre d’objectif de 42 mm. Enfin, le diamètre de l’objectif a une influence sur la luminosité des jumelles.
Une molette de mise au point, située le plus souvent au centre des jumelles, permet aussi d’ajuster le point focal. Il s’agit, en d’autres termes, de la netteté de l’objet observé. Enfin, vous trouverez généralement sur l’oculaire droit une molette permettant d’effectuer la correction dioptrique. Ceci est en effet indispensable pour corriger la différence de vision de vos deux yeux, sans cela vous risquez des migraines ophtalmiques ! Pour régler cette correction, il suffit d’ouvrir l’œil gauche sur un objet fixe, d’effectuer la mise au point, puisd’ouvrir ensuite l’œil droit. Corrigez ensuite avec la molette de correction dioptrique si l’objet vous apparaît flou.
Tout est une question de pupille
Selon la lumière, notre pupille change de diamètre afin de s’adapter à la luminosité. Premièrement, la pupille humaine mesure 2 à 3,5 mm en plein jour et 4 à 6 mm par temps couvert, au crépuscule ou au clair de lune. Elle peut ainsi atteindre 7,3 mm dans la pénombre. Une paire de jumelles va donc sembler lumineuse par faible lumière si sa pupille de sortie est suffisamment grande pour couvrir le maximum de notre propre pupille. Lorsque vous regardez vos jumelles par les oculaires en les tenant à au moins 30 cm de vos yeux, il apparaît alors une surface claire sur chaque lentille. Il s’agit donc de la pupille de sortie de l’oculaire.
De manière pratique, le diamètre de la pupille de sortie (en mm) se calcule grâce à la formule D/G (diamètre de l’objectif divisé par le grossissement). Plus la pupille de sortie a un diamètre important, plus la paire de jumelles paraît donc « lumineuse ». En outre, cet indice de pupille renseigne sur votre usage. Si vous voulez observer uniquement par beau temps et en milieu de journée (comme par exemple en randonnée), un faible diamètre de pupille de sortie suffira. Cependant, si vous voulez guetter le brame du cerf au crépuscule, il vous faudra vous assurer que le diamètre de pupille de sortie se superpose mieux à votre propre pupille, soit entre 4 et 6 mm.
L’indice crépusculaire (IC)
Beaucoup d’utilisateurs avertis se renseignent l’indice crépusculaire (IC) d’une paire de jumelle. Cette valeur permet d’attribuer un score d’utilisation par très basse lumière. Il peut s’agir du crépuscule ou d’une nuit étoilée. La formule à appliquer est la suivante : IC = √(G.D). Cet indice est plus utile pour comparer différents modèles de jumelle entre-elles.
Par exemple, une paire de jumelles 7×50 grossit moyennement, mais a un diamètre de pupille de sortie de 7,14 mm (quasiment le maximum de la pupille humaine !). Cette paire de jumelles vous paraîtra lumineuse à l’usage. Son indice crépusculaire a une valeur de 18,7. Comparons maintenant ces jumelles à un modèle à plus fort grossissement de 10×40. Le diamètre de pupille de sortie est de 4 mm et son indice crépusculaire vaut 20. Mais encore faut-il que votre pupille s’ouvre au-delà de cette longueur. Cela signifie qu’avec ce modèle à grossissement plus fort, vous ne souffrirez quasiment pas de perte de luminosité, à moins d’observer aux dernières lueurs du crépuscule. Or pour le naturaliste, plus le grossissement est important, plus les détails nécessaires à l’identification d’une espèce sont faciles à décrire ! Voilà pourquoi l’IC est souvent utilisé pour comparer les caractéristiques optiques entre différentes paires de jumelles.
Caractéristiques des jumelles | Pupille de sortie (mm) | Indice crépusculaire |
---|---|---|
8×25 | 3,12 | 14,14 |
8×30 | 3,75 | 15,49 |
8×40 | 5 | 17,88 |
8×42 | 5,25 | 18,33 |
7×50 | 7,14 | 18,71 |
10×40 | 4 | 20 |
10×42 | 4,2 | 20,49 |
10×50 | 5 | 22,36 |
12×50 | 4,16 | 24,49 |
20×80 | 4 | 40 |
25×100 | 4 | 50 |
Tableau comparatif des caractéristiques optiques de différents modèles de paires de jumelles.
Voir loin, mais voir large : le champ de vision
Si vous regardez à travers une paire de jumelles de très mauvaise qualité, vous risquez alors d’observer une petite portion du paysage, même à faible grossissement. En effet, ce défaut est dû au faible champ de vision de la paire de jumelles. Consulter la valeur du champ de vision peut donc vous donner des indications sur la qualité de vos jumelles.
Cette valeur est donc toujours indiquée en (n) mètres à 1000 mètres. Cela signifie donc qu’à cette distance, vous observez dans vos jumelles une surface circulaire de n mètres de large. Par exemple, un champ de vision de 125 mètres à 1000 mètres de distance vous donne un panorama assez large. Le champ de vision est aussi exprimé en degrés. La valeur de conversion est alors un peu plus complexe à calculer.
Si la trigonométrie n’est pas votre tasse de thé, vous pouvez aussi suivre la conversion suivante : comptez 17,5 m / 1000 m = 0,0175 radian = 1°. Dans l’exemple précédent, le champ de vision était de 125 m à 1000 m, il équivaut donc à 125/17,5 = 7,14°. En outre, le champ de vision n’a rien à voir avec le grossissement. Pour deux paires de jumelles équivalentes de 8×40, mais l’une de champ de vision 7° et l’autre de 9°, la première jumelle vous donnera à 1000 m un champ de vision de 122,5 m et la seconde élargira à 157,5 m. Vous aurez donc l’impression de voir plus de paysage dans la seconde paire de jumelles.
Problèmes liés au champ de vision
D’où vient cette différence de champ de vision ? Du grossissement de la paire de jumelles. En effet, plus le grossissement est fort, plus le champ de vision rétrécit. C’est pourquoi les jumelles de trop fort grossissement ont le défaut de réduire le champ de vision. De plus, un trop fort grossissement entraîne un excès de poids des jumelles. L’observateur fatigue alors plus vite, tremble, et il faudra fixer les jumelles sur trépied pour compenser ce désagrément.
Enfin, certaines jumelles sont équipées de cache-yeux ou bonnettes inamovibles, qui créent une distance supplémentaire pour les porteurs de lunettes entre l’oculaire et l’œil. Cela peut en effet diminuer le champ de vision réel de l’utilisateur. Si vous portez des lunettes, il vous faut donc vérifier que les bonnettes sont déclipsables ou rétractables.
Le poids n’est pas sans conséquence
D’abord, une paire de jumelles terrain est faite pour être portée en bandoulière, autour du cou, pendant de longues heures de sortie, lorsqu’elle n’est pas tenue bras levés pendant de longues minutes. Le poids de votre paire de jumelles peut donc être un sérieux argument de choix. De plus, si le poids d’un modèle n’est pas indiqué, il existe une règle assez simple pour l’estimer. en effet, plus la diamètre de l’objectif est élevé, plus la paire de jumelles est lourde. Ainsi, une paire 7×50 sera plus lourde et donc moins pratique qu’une paire 8×42. C’est pourquoi les magasins mettent en avant le poids plume des petites jumelles 7×30, forcément plus légères et compactes que leurs concurrentes, mais limitées quant à leur utilisation…
Enfin n’oubliez pas que vos cervicales et vos bras resteront les premiers concernés par le poids de votre paire de jumelles. Il est parfois préférable de sacrifier un peu en luminosité afin de gagner en poids, et donc en confort. Regardez aussi le poids indiqué par le fabriquant, et portez en bandoulière sur votre cou pendant un bon quart d’heure une petite sacoche pesant le même poids. Vous aurez alors une idée de la gêne occasionnée par le poids.
Bien choisir ses jumelles pour la randonnée
Tout d’abord, les jumelles adaptées à la randonnée sont des modèles compacts et légers. Par conséquent, privilégiez les jumelles à prisme en toit. Leur intérêt premier reste donc de pouvoir observer facilement le paysage en plein jour. Elles ont en effet un faible grossissement et un faible IC mais leur champ de vision est supérieur à 100 mètres pour 1000 mètres de distance.
Bushnell Prime | Kite Compact | Zeiss Victory Pocket |
---|---|---|
10×28 | 8×23 | 8×25 |
IC = 16,7 | IC = 13,6 | IC = 14,1 |
Ch. de V. 1000 m : 99 m. | Ch. de V. 1000 m : 124 m. | Ch. de V. 1000 m : 130 m. |
Poids : 400 g | Poids : 240 g | Poids : 290 g |
Prix : 149 € | Prix : 121 € | Prix : 690 € |
Bien choisir ses jumelles pour l’ornithologie et la faune
Tout d’abord adaptées à une observation plus minutieuse des détails, les jumelles d’ornithologie bénéficient de plus forts grossissements. Elles doivent cependant réussir le compromis entre compacité et efficacité sur le terrain. En effet, un grossissement d’au moins x8 et un IC > 20 sont requis pour observer un animal distant. Le champ de vision peut être cependant restreint, ici priment les détails et non le panorama.
Perl Sepik | ENO Argonne | Kite Petrel |
---|---|---|
8×42 | 10×42 | 10×42 |
IC = 18,33 | IC = 20,5 | IC = 20,5 |
Ch. de V. 1000 mètres : 143 m. | Ch. de V. 1000 mètres : 110 m. | Ch. de V. 1000 mètres : 105 m. |
Poids : 680 g | Poids : 610 g | Poids : 625 g |
Prix : 292 € | Prix : 360 € | Prix : 423 € |
Bien choisir ses jumelles pour l’astronomie
Enfin, les astronomes amateurs peuvent être intéressés par des jumelles à prismes de Porro, moins efficaces mais plus facilement transportables que des télescopes. En effet, ces modèles lourds présentent d’excellents indices crépusculaires. Mais ils nécessitent un trépied pour plus de stabilité. Ils peuvent également servir à l’observation nautique ou remplacer dans certains cas une longue-vue. Enfin, les jumelles à fort indice de pupille (> 5) sont intéressantes dans la mesure où l’astronomie se pratique de nuit !
Orion Scenix | Celestron SkyMaster | Perl Andromède |
---|---|---|
10×50 | 25×100 | 20×80 |
IC = 22,4 | IC = 50 | IC = 40 |
Ch. de V. 1000 mètres : 112 m. | Ch. de V. 1000 mètres : 47,8 m. | Ch. de V. 1000 mètres : 52 m. |
Poids : 820 g | Poids : 4000 g | Poids : 2500 g |
Prix : 100 € | Prix : 485 € | Prix : 495 € |
Où acheter en ligne ?
Enfin, je vous recommande d’acheter chez des commerçants indépendants. Aussi quelques boutiques en ligne valent le détours, notamment JAMA et Europe Nature Optik. Ces deux vendeurs sont des spécialistes du matériel naturaliste, vous pouvez donc leur rendre visite les yeux fermés !