Les prédateurs comme alternative aux pesticides

Les prédateurs naturels représentent-ils une alternative crédible à l’usage agricole de pesticides ? Cette question fait souvent l’objet d’âpres débats. Afin de tenter d’y apporter une réponse définitive, des chercheurs brésiliens ont mené une méta-analyse. Ils publient leurs résultats dans la revue Proceedings of the Royal Society B (Boldorini et al., 2024).

Pulvérisation (probablement d’un fongicide) dans un champ de colza (crédits : Wikipedia).

En compilant les résultats de nombreuses études de cas, ils proposent une évaluation globale de l’efficacité des agents de biocontrôle. Et leurs résultats statistiques affirment qu’en effet, les prédateurs sont des auxiliaires efficaces ! Ils réduisent les populations de nuisibles de 73 % en moyenne. Tout en augmentant les rendements agricoles de 25 % en moyenne. Ces améliorations sont indirectes, mais bel et bien significatives !

Ces résultats ne sont cependant pas mis en concurrence avec l’efficacité des pesticides de synthèse. Pour les chercheurs, l’intérêt des prédateurs naturels comme alternative se veut tout d’abord écologique. En favorisant la présence de cette biodiversité, ils offrent tout d’abord des services écosystémiques vitaux. Ce qui peut représenter un gain économique, mais également environnemental. En effet, les dégâts liés aux pesticides de synthèse ne sont plus à démontrer. Favoriser leur remplacement représente donc une alternative aussi bien environnementale que de santé publique.

Favoriser la présence de prédateurs naturels garantit en retour un gain de services agrosystémiques. Et ce quelque soit la biodiversité de la communauté de prédateurs naturels ! Dans leurs travaux, Boldorini et al. (2024) montrent que l’avantage agronomique apparaît dès lors qu’une seule espèce prédatrice est présente. Un résultat qui n’est pas sans faire écho à une récente étude de cas dans la revue Science (Frank, 2024). Le déclin des chauve-souris aux USA a pour effet d’augmenter de de 31,1 % l’usage des pesticides. Non seulement le service écosystémique s’effondre, mais la hausse de pesticides de synthèse corrobore une hausse de 7,9 % de la mortalité infantile.

Enfin, le changement climatique anthropique pourrait ne pas perturber les services écosystémiques des prédateurs naturels. En effet, Boldorini et al. (2024) notent que des variations des précipitations annuelles n’a pas d’effets sur ce biocontrôle. Une bonne nouvelle, alors que nous connaissons une transition climatique majeure en relation avec les rendements agricoles !

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