La Tortue serpentine signalée en Gironde ? Non, ce n’est pas un tournage des aventures de Turtleman sur notre territoire, mais l’expansion très inquiétante d’une espèce exotique envahissante. L’actualité a en effet de quoi surprendre. Et pourtant la municipalité de Carcans met en garde devant ce monstre de 20 et 36 cm de long, pour un poids allant de 4 à 16Kg ! Surtout n’agissez pas à la légère, car cette tortue inflige de sérieuses blessures.
D’habitude, nous trouvons cette Tortue serpentine des Everglades de Floride jusqu’au Canada. En Amérique du Nord il n’est pas rare d’entendre parler de blessures du bétail par des tortues ayant élu domicile dans les étangs d’abreuvage. Tout ceci fait très ambiance bayou, banjo et reptiles. Plus surprenant, c’est bien entendu d’en croiser en France. Mais encore une fois, la faute au commerce de NACs exotiques. La Tortue serpentine fut commercialisée en France après l’interdiction d’importation de la Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) en Europe en 1997.
Et comme il fallait s’y attendre, des propriétaires qui s’en lassèrent les relâchèrent dans la nature. En Gironde, elle n’a pas trouvé les Everglades, mais cela lui suffit pour lentement former une population férale. Or avec le réchauffement climatique, les conditions favorables vont croissantes. Aujourd’hui sur Faune France, cette Tortue serpentine se renseigne sous le taxon « Tortue happeuse (= Chélydre serpentine) (Chelydra serpentina) » lors de la saisie des données. Elle se classe comme espèce introduite et nous notons plusieurs foyers de présence !
Impacts environnementaux
L’espèce risque d’ailleurs de faire quelques dégâts sur les écosystèmes aquatiques. Elle pourrait même contribuer à la dispersion d’agents pathogènes dans le milieu (salmonellose, champignon Aphanomyces astaci responsable de la peste des écrevisses). Bon, ne vous réjouissez pas trop vite, elle ne lutte pas pour autant indirectement contre l’écrevisse américaine. Vorace et agressive, elle risque d’entrer en compétition la faune locale. Voire même de la prédater, d’où les inquiétudes pour notre Cistude d’Europe (Emys orbicularis) !
Bref il y a de quoi s’inquiéter. Et les mesures de lutte proposées ne vont pas avec le dos de la cuillère. Capture des individus via l’utilisation de pièges (nasses, cages-pièges). Ou bien même tir par arme à feu ! Mais face aux dégâts attendus sur la faune des écosystèmes humides de la Métropole, peut-on vraiment se permettre de la laisser proliférer ?