L’Hirondelle de fenêtre en milieu urbain
L’hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) est une espèce eurasiatique largement présente en Auvergne. Espèce grégaire qualifiée d’anthropophile, elle a délaissé depuis longtemps les habitats rupestres au profit des bâtiments humains. L’hirondelle de fenêtre est une espèce plutôt urbaine, à la différence de l’hirondelle rustique inféodée aux paysages ruraux traditionnels. Ses colonies se retrouvent ainsi dans les villages, quartiers denses ou bourgs ruraux, accrochées aux habitations, édifices historiques, mais parfois aussi dans des granges ou sous des infrastructures diverses. Elle installe en effet son nid constitué de boulettes de boue sous des avancées de toits ou pignons propices. Les ravalements de façade et la rénovation des bâtiments avec des matériaux anti-salissures l’empêchent d’établir les fondations boueuses de son nid. La perte de son habitat de prédilection demeure ainsi l’une des principales menaces pour la pérennité de l’espèce.
Les hirondelles de fenêtre se nourrissent d’insectes volants, dont près de 50% de diptères (mouches et moustiques). Elle peut chasser jusqu’à 356 insectes en un quart d’heure ! Le record de longévité est de 14,5 ans, bien que rares sont les individus à dépasser les 6 ans. Son principal prédateur est le Faucon hobereau (Falco subbuteo). Mais les principales menaces demeurent la destruction des nids, l’usage de pesticides et les perturbations liées aux changements climatiques.
Statuts de protection
L’Hirondelle de fenêtre marque un déclin dans notre pays. Les programmes nationaux de suivi des oiseaux communs indiquent une baisse de -33 % depuis 1987, et de -21% entre 2004 et 2013. Son statut actuel semble se dégrader encore plus. Au point qu’en 2016, l’UICN a révisé son statut sur la Liste Rouge des Espèce de « Préoccupation mineure » (LC) à « Quasi-menacée » (NT). Espèce protégée en France (Arrêté en vigueur du 29 octobre 2009), l’hirondelle de fenêtre est inscrite à l’Annexe II de la Convention de Berne. Elle bénéficie indirectement de la directive européenne «Habitats» , annexe 1. En tant qu’espèce protégée, la Loi punit la destruction des nids (article L411-1 du Code de l’Environnement, aux sanctions prévues par l’article L415-3).
Les nichoirs artificiels
Les modèles vendus dans le commerce sont assez efficaces. Cependant, notez qu’il faut parfois quelques années pour que les Hirondelles s’habituent à ces gîtes artificiels. Armez-vous de patience. Voici ci-dessous quelques conseils pour la pose de nichoirs artificiels pour Hirondelles de fenêtre :
Quelques conseils pour vos nichoirs artificiels
- Les nids doivent pouvoir être posés sur des façades abritées par une avancée de toit. Ou bénéficier d’une planche-toiture de protection, le tout situé à au minimum à 4 ou 5 mètres de haut.
- La façade d’accueil des nids doit être dégagée, sans arbre très proche, ni obstacle pouvant servir de perchoir ou de parcours d’escalade à des prédateurs potentiels. Surtout, pas de plantes grimpantes sur ce mur.
- Les nids doivent prendre place sous de larges avancées de toit (minimum 40 cm), de manière à être bien protégés des intempéries et à l’ombre du soleil. L’orientation importe peu, examinez cependant si la façade ou l’avancée de toit est à l’ombre aux heures chaudes.
- Les Hirondelles de fenêtre préfèrent les façades côté rue que côté jardin.
- Les Hirondelles attirent les Hirondelles. S’il y a une colonie dans un rayon de quelques centaines de mètres autour du site artificiel, il sera visité.
Comment empêcher l’installation d’hirondelles ?
Mieux vaut prévenir que détruire. Si des propriétaires tiennent absolument à éviter l’installation de colonies sur une façade (porte d’entrée, terrasse, arguments autres…), il est alors possible de rendre la paroi murale trop lisse (peinture, revêtement contre-plaqué, matière plastique, etc…) afin d’empêche la fixation des boulettes de boue. Cependant, une médiation naturaliste est toujours possible. Pourquoi pas installer des nichoirs artificiels avec des planchettes antisalissures ?
Laisser un accès aux Hirondelles rustiques
Pensons pour conclure aux cousines rurales de nos hirondelles de bourgs. Elles aussi peuvent occasionnellement nicher dans des zones urbaines. Contrairement aux Hirondelles de fenêtre qui nichent à l’extérieur, l’Hirondelle rustique va chercher à coloniser l’intérieur des bâtiments, à l’abri du vent.
Pour les aider, il suffit aux propriétaires de laisser une ouverture sur la façade, ou sur une porte, de façon à ce qu’elles puissent aller et venir librement à l’intérieur des bâtiments (hangars, granges, garages…).
Installer des planchettes anti-fientes
Les fientes figurent parmi les principales sources de désagrément pour les particuliers comme les sociétés accueillant des nids d’hirondelles. Afin d’éviter la chute de déjections au sol, il est possible d’installer une planchette de protection.
L’installation reste relativement simple, il s’agit de poser contre le mur une planche large de 40 cm à l’aide d’équerres métalliques, à environ 50 cm en-dessous du nichoir. Cette planche est aussi longue que la colonie. La hauteur minimale est importante, afin d’éviter de favoriser la venue de Pies bavardes qui pilleraient la colonie. L’écart entre le mur et la planchette ne doit pas dépasser 1 cm. Pour des raisons écotoxicologiques, il faut éviter d’utiliser des planches agglomérées contenant du formaldéhyde.
Des versions plus élaborées sont vendues dans le commerce, notamment en forme de niche à pain ou déjà incurvées pour la fixation murale. Elles n’apportent pas d’efficacité supérieure, si ce n’est éventuellement un argument esthétique.
Il est possible d’installer des bacs récupérateurs de fientes, cependant ils peuvent finir par s’obstruer et créer des nuisances lorsque les eaux de pluie s’accumulent dans la cuvette. De plus, ils peuvent nécessiter de l’entretien (récurage) en fin de saison de reproduction. Il faut donc bien réfléchir à leur installation.
Proposer des bacs à boues
Les Hirondelles de fenêtre apprécient des points d’eau boueuse pour collecter les petites boulettes de boue qui constituent leurs nids naturels. Autrefois, il était facile pour elles d’en collecter dans les ornières des routes ou le long de allées résidentielles. Mais désormais, les places et les chemins villageois ou les bordures des villes sont goudronnées. La boue considérée comme « sale » est impitoyablement nettoyée. Un nid d’hirondelle nécessite pourtant 250 grammes de boue et plus de 1074 boulettes. Soit un total de 100 à 1000 allers-retours selon l’état du nid. Aussi, la présence de points de boue à proximité des colonies peut se révéler d’une aide précieuse pour les Hirondelles nicheuses.
Mise en place de bacs à boues
La destruction des habitats est une des causes du déclin des Hirondelles en France. Et la disparition des flaques de boue en fait partie ! Là où du matériel de construction est mis à leur disposition, les effectifs peuvent augmenter de nouveau. Mais il est parfois difficile de convaincre des Hirondelles de venir fréquenter un bac à boue. Un bon matériel se constitue de 60% de marne, 10% de calcaire (en vente dans les centres de jardinage), 20% de terre glaise provenant du chantier le plus proche et de 10% de fibres végétales (p. ex. foin haché). Mélangez avec de l’eau pour former une bouillie imprégnée. Il est nécessaire de régulièrement l’arroser voire remuer de nouveau afin d’éviter que le mélange ne prenne en masse et ne sèche.
Le récipient peut être une grande plaque peu profonde (5 cm à peu près) et si possible d’au moins un mètre de long ; comme un grand sous-pot à fleurs, un ancien lèche-frites de four, ou tout autre grand bac légèrement creux de récupération. De plus, il faut protéger le site d’attaques de prédateurs : Chats domestiques, Epervier d’Europe… Enfin, d’autres espèces peuvent également profiter de cette boue, ne boudons pas notre plaisir d’aider la nature.
La mise en place d’un bac de boue argileuse s’étale idéalement entre avril et juin. Après quoi, cela devient inutile. Enfin, si des Hirondelles fréquentent une zone boueuse, le plus simple consiste à verser régulièrement un bon seau d’eau !
Attirer les Hirondelles par des installations sonores
Peut-on inciter les Hirondelles à s’installer sur un nouveau territoire ? Les Hirondelles de fenêtre sont une espèce grégaire, qui vit en colonies. Lorsque les jeunes hirondelles en âge de nicher pour la première fois parcourent les sites potentiels de nidification, au retour de migration, le bruit de leurs congénères les attirent.
Plusieurs associations et groupes naturalistes ont tenté l’expérience d’une « repasse » pour les attirer dans des nichoirs artificiels. Dès le printemps, vers avril-mai, des haut-parleurs émettent des cris d’Hirondelles à volume sonore comparable aux colonies établies. Idéalement, il faut diffuser ces cris à 100 mètres sans déclencher de gêne du voisinage.
Le résultat est aléatoire, mais certains bénévoles indiquent avoir réussi l’opération ! L’avantage de la méthode est qu’elle reste temporaire. Une fois la colonie artificielle établie, les Hirondelles nicheuses reviendront donc à la saison prochaine. Elles pourront ainsi attirer d’autres nicheurs potentiels. Et l’installation sonore pourra être démonter dès la fin du premier succès reproductif.