Qu’est-ce que la géodiversité ? Ce néologisme issu d’une contraction entre géologie et diversité, je l’ai découvert par hasard, sous la plume de François Hollande. L’ancien Président de la République signait alors la préface d’un guide géologique consacré à la Corrèze. Sous ce terme nouveau, se cachait alors la volonté de valoriser et de conserver le patrimoine géologique de son département de cœur.
La définition de la géodiversité n’est donc pas sans rappeler cette de la biodiversité. Ce terme fut initialement proposé par le géologue Chris Sharples, qui le formula au milieu des années 1990 pour valoriser la conservation du patrimoine géologique d’Australie et de Tasmanie. Il représente ainsi l’ensemble des sous-sols, sols et paysages liés à des processus géologiques. Cette diversité géologique témoigne donc du passé de la Terre, aussi bien en terme d’orogénèse, que de fossiles, volcanisme, minéralisation, ou tout autre phénomène. Mais contrairement aux organismes vivants, le patrimoine géologique ne peut se régénérer. La géodiversité est ainsi d’autant plus précieuse que nous ne pouvons que la conserver en l’état pour les générations futures.
La notion de géodiversité s’impose désormais lentement dans certains programmes internationaux pour la sauvegarde du patrimoine. Au niveau local, plusieurs initiatives tentent de faire connaître ce terme afin de sensibiliser le grand public à la préservation de ce patrimoine naturel. C’est par exemple le travail des CEN (Conservatoires d’Espaces Naturels) impliqués auprès des DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) dans des plans d’action en faveur du patrimoine géologique.
La notion de patrimoine géologique
A travers la notion de patromoine géologique, les naturalistes considèrent tout objet ou site représentant un intérêt exceptionnel au vu des sciences de la Terre et de la mémoire terrestre. Ces éléments s’intègrent dans les paysages naturels associés. Il s’agit donc d’éléments du patrimoine naturel dont la conservation demeure comparable à la faune ou à la flore. De plus, ces éléments géologiques s’intègrent pleinement dans les biotopes des écosystèmes. Leur préservation peut représenter une priorité afin d’assurer la bonne résilience des écosystèmes naturels dans le cadre de programmes de conservation des espaces naturels.
Dimension socio-économique
La géologie s’associe aussi bien aux patrimoines historiques et culturels qu’au développement économique des territoires. L’histoire industrielle est fortement associée à ces ressources naturelles. Leur exploitation demeure encore aujourd’hui des stratégies de développement économique et de technologies innovantes. C’est notamment le cas des pressions d’exploitation croissantes des ressources en lithium et terres rares. Ou bien encore de la prospection des sites géothermiques dans le cadre de la transition énergétique.
La conservation de la géodiversité se retrouve directement ou indirectement menacée par la pression des activités humaines. L’agriculture, l’industrie, mais aussi l’aménagement du territoire et le développement touristique sont autant de menaces auxquelles s’ajoutent les pollutions ou encore le changement climatique. La conservation du patrimoine géologique s’inscrit donc dans une démarche de valorisation du territoire et de développement durable de notre environnement.
La géodiversité sur le territoire français
Le territoire français, métropole et DROM (départements et régions d’outre-mer) compris, couvre une superficie de 1 104 051 km2. De part sa répartition sur l’ensemble du globe terrestre, cet immense territoire morcellé comprend différents reliefs, sols, structures, hydrosystèmes, affleurements, sites minéralogiques et fossilifères remarquables.
Cet immense patrimoine inclut de nombreuses références mondiales : types de roches (lithotypes) et de minéraux, de fossiles, coupes de référence (stratotypes), gisements paléontologiques et minéralogiques; ces éléments du patrimoine géologique mondial s’échelonnent sur plus de 2 milliards d’années d’histoire de la Terre ! Une richesse unique, mais également fragile, qu’il nous faut protéger des différentes menaces de dégradation liées aux activités humaines.