H5N1 : l’iris sombre des Fous de Bassan

Les Fous de Bassan ayant survécu à une infection au virus type A(H5N1) HPAI responsable de l’influenza aviaire présentent d’étonnants yeux à l’iris sombre. A l’origine de cette découverte, une étude postée sur bioRxiv, et menée sur la colonie de Bass Rock, au Royaume-Uni.

H5N1
Fou de Bassan à iris sombre – RSPB

Une conséquence de l’épizootie de H5N1

L’épizootie d’influenza aviaire a fortement décimé les populations de Fou de Bassan (Morus bassanus) dans l’Atlantique Nord. Le taux de survie des adultes de la colonie de Bass Rock a chuté de 42 % par rapport à la moyenne décennale. Tout aussi inquiétant pour l’avenir de la colonie, le taux d’occupation des nids a baissé de 71 % ; le succès reproducteur a diminué pour sa part de 66 % par rapport aux données ante-pandémie H5N1. Une hécatombe.

Mais le résultat le plus inattendu demeure l’étrange iris sombre de certains individus, observés sur la colonie pour la première fois en juin 2022. Pour en savoir plus, Lane et al. (2023) ont prélevé des échantillons de sang de 18 fous de Bassan adultes sur la colonie.

Ils ont ensuite mesuré les taux d’anticorps spécifiques au virus H5N1 présents dans ces échantillons. Un Fou de Bassan ayant un fort taux d’anticorps anti-H5 a donc été infecté par le virus. Leurs résultats montrent que sur huit testés positifs, sept avaient des iris noirs. Statistiquement, cet échantillon est très faible, convenons-en. Mais ils notent que très peu de Fous séronégatifs présentent un iris sombre et inversement. C’est pourquoi en appliquant un test exact de Fisher adapté aux faibles effectifs, la différence est néanmoins significative.

N’excluons pas cependant que l’infection au H5N1 de ces Fous séronégatifs à iris sombre soit trop ancienne, et que leurs taux d’anticorps ait désormais chuté. Tout ceci nécessite des recherches complémentaires. Il y a quelque chose à la fois fascinant et terrifiant que d’observer ces Fous de Bassan à iris sombres. Cela évoque des scénarios de séries post-apocalyptiques dans lesquels les survivants d’un fléau viral auraient conservé des yeux assombris.

Mais ce phénotype surprenant pourrait tout de même servir de diagnostic non-invasif. En effet, il suffirait de photographier en gros plan un Fou de Bassan pour savoir s’il a été potentiellement infecté ou non par le virus H5N1. Mais à condition d’améliorer le score prédictif.

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