L’activité solaire est-elle responsable du réchauffement climatique ?

Le réchauffement climatique global serait-il lié à l’activité solaire ? Depuis quelques années, cette rumeur circule sur les réseaux sociaux. En effet, plusieurs arguments sont favorables à cette hypothèse. Tout d’abord, les climats passés sur les 700.000 dernières années sont corrélés avec les variations de l’orbite terrestre. Le rayonnement solaire à la surface de la Terre est ainsi modifié en conséquence. Il s’agit des fameux cycles de Milankovitch. De plus, l’activité solaire sur plus d’un millénaire comparée aux températures moyennes montre une très forte corrélation.

Mais cette argumentation écarte également deux éléments fondamentaux : l’activité solaire n’est pas pas constante, elle oscille constamment. De même, l’activité humaine modifie désormais considérablement le forçage radiatif à la surface de la Terre.

Aux origines de la rumeur

Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les partisans d’une seule responsabilité du Soleil dans le réchauffement climatique actuel. L’origine de cette rumeur débute en 2004. La BBC relaye alors les travaux de l’équipe du géophysicien Usoskin sur les liens entre activité solaire et climat. Des internautes en concluent rapidement que cette corrélation était déterminante pour comprendre les changements climatiques. Ces travaux soulignent en effet une forte corrélation entre activité solaire et températures moyennes terrestres sur les 1150 dernières années. Cependant, il faut étudier en détails l’ensemble des données. Et notamment le déclin d’activité solaire depuis 1975, alors que les températures poursuivent une augmentation linéaire.

Comparaison entre activité solaire et variations de températures terrestres.
Comparaison entre activité solaire et variations de températures terrestres. Sources : https://www.skepticalscience.com/

Usoskin et ses collègues se montrent prudents quant à leurs résultats. Dans un article publié par la revue Nature la même année, ils reconstruisent 11.400 ans d’activité solaire. Ils notent ainsi que la variabilité solaire ne peut pas être la cause déterminante du réchauffement des 30 dernières années. Ils concluent alors dans les actes d’un colloque de 2005 que durant les trente dernières années, ni l’irradiance solaire, ni les rayons cosmiques n’eurent la moindre influence significative sur le réchauffement global.

Une absence de significativité confirmée

Ces travaux ne sont d’ailleurs pas les seuls à modérer le rôle de l’activité solaire dans le réchauffement climatique. Lockwood, en 2007, le confirme à son tour. Lean, en 2008, estime même que le forçage radiatif du soleil est négligeable sur les 25 dernières années. Il ne représente même que 10% du réchauffement climatique des 100 dernières années. Cette estimation est même revue à la baisse par Benestad en 2009. Ce dernier chiffre l’influence du soleil au cours du XXème siècle à seulement 7% ! Conclusions similaires pour des études plus favorables aux facteurs astronomiques. Erlykin, en 2009, considère que l’irradiance solaire et les rayons cosmiques cumulés ne représentent que 14% du réchauffement global observé depuis 1956. Soit une contribution positive inférieure à 0,07°c sur près de soixante ans !

Un forçage radiatif influencé par l’activité humaine

Alors pourquoi cette fake news continue-t-elle de se propager ? Il arrive bien souvent que de telles rumeurs ne se concentrent que sur une partie des données scientifiques. Leurs partisans ne retiennent que des périodes favorables à forte corrélation entre activité solaire et températures moyennes. Ce biais de raisonnement satisfait ainsi l’idée d’une influence significative de l’activité solaire. Mais toute interprétation partielle des données disponibles ne peut qu’apporter une argumentation faussée.

Forçages radiatifs influençant les températures moyennes terrestres
Composantes du forçage radiatif influençant les températures moyennes terrestres. Sources : GIEC (2007) / Wikipedia

La communauté scientifique ne nie pas le forçage radiatif passé lié à des phases d’activité solaire importantes. Cependant, il existe désormais suffisamment de données pour confirmer que depuis plus de trente ans, l’activité humaine a largement supplanté ce facteur naturel.

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