L’erreur d’Al Gore et les climatosceptiques

Dans son documentaire « Une vérité qui dérange« , l’ancien vice-président américain et Prix Nobel de la Paix (2007) Al Gore s’implique dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une séquence de ce documentaire compare températures moyennes et teneurs atmosphériques en CO2 durant les dernières 650.000 années. Ce graphique correspond au calcul du rapport isotopique δ18O des carottages de glace et à l’analyse des fines bulles d’air emprisonnées à l’intérieur. Al Gore se servait de cette courbe spectaculaire pour mettre en avant les effets dévastateurs d’un changement climatique global. Il appuyait notamment ses exemples sur l’ouragan Katrina, qui avait dévasté en 2005 les côtes méridionales américaines.

Graphique : données obtenues des températures moyennes et teneurs en CO2 à partir des analyses de carottes de glace de Vostok
Graphique : données obtenues des températures moyennes et teneurs en CO2 à partir des analyses de carottes de glace de Vostok. Sources : https://skepticalscience.net/

Si Al Gore a bien compris le lien entre gaz à effet de serre et forçage radiatif terrestre, il commet une erreur scientifique. En effet, durant les 800.000 dernières années, les courbes reconstituées des températures ne suivent pas les teneur en dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Au contraire, elles les précèdent ! Les climatosceptiques interprétèrent cela comme preuve que les émissions de CO2 ne sont pas responsables des hausses globales des températures.

Les variabilités climatiques naturelles sont différentes

En fait, analyse des variations climatiques naturelles passées et situation contemporaine ne s’interprètent pas de la même manière. De manière cyclique, l’insolation terrestre varie selon la trajectoire orbitale de la Terre. Il s’agit en effet des cycles de Milankovitch, du nom du scientifique serbe qui les décrivit pour la première fois. En conséquence, la température moyenne terrestre varie cycliquement selon ces paramètres astronomiques. Pour simplifier, les périodes glaciaires de 100.000 ans succèdent ainsi naturellement aux périodes interglaciaires de 20.000 ans.

La figure ci-dessous reconstitue les températures et les teneurs en dioxyde de carbone sur les 22 derniers millénaires. Et le même phénomène se reproduit. Les températures reconstituées des glaces en Antarctique (courbe rouge) augmentent avant les teneurs en dioxyde de carbone (points jaunes). Par conséquent, les températures globales (courbe bleue) continuent à croître même après stabilisation des teneurs atmosphériques en dioxyde de carbone.

Graphique : température moyenne à la surface du globe (bleu), températures antarctiques (rouge) et concentration atmosphérique en CO2 (points jaunes) au cours des milliers d'années
Graphique : température moyenne à la surface du globe (bleu), températures antarctiques (rouge) et concentration atmosphérique en CO2 (points jaunes) au cours des milliers d’années. Sources : https://skepticalscience.net/

Comment expliquer ce phénomène ? Au cours des phases de réchauffement, les températures glaciaires augmentent. Ce dégel partiel apporte de l’eau douce par les fleuves jusqu’aux mers et océans. L’apport d’eau douce crée des perturbations physico-chimiques de l’eau de mer salée, et la circulation océanique s’en retrouve affectée. L’hémisphère sud et ses océans sont les premiers à se réchauffer. Or la solubilité du dioxyde de carbone diminue dans l’eau chaude. Par conséquent, ces océans rejettent massivement du dioxyde de carbone, gaz à effet de serre. Par rétroaction positive, le phénomène de réchauffement climatique interglaciaire s’en retrouve amplifié ! Les résultats obtenus grâce à l’analyse des glaces de Vostok ne confirment donc pas les propos des climatosceptiques.

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