De retour sur le terrain, j’ai pu faire ce matin une belle observation d’un Bruant ortolan mâle. Hélas, ce chanteur semble bien seul sur son noyer, en plein coteau auvergnat du pays d’Issoire. Un des derniers bastions agricoles du Puy-de-Dôme pour cette espèce. Mais pour combien de temps encore ?
Une situation préoccupante
Le Bruant ortolan est symbolique d’une culture gastronomique française. Mais l’espèce est menacée en France. Avec une baisse d’effectifs de -57 % depuis 2001 et -52 % sur les 10 dernières années, son fort déclin s’avère lié aussi bien aux pratiques agricoles qu’au braconnage …
Le cri d’alarme des associations naturalistes est long à se faire entendre. Pourtant, la Commission européenne a sommé la France de mettre fin à cette pratique, la traduisant même en décembre 12016 devant la Cour de justice de l’Union européenne. Comme le rappelle le site web du MNHN, il s’agit pas moins d’une amende de plus de dix millions d’euros pour non-respect de la directive « Oiseaux » !
La chasse est bien responsable du déclin de l’ortolan
Récemment, Jiguet et al. (2019) publiaient dans Science Advances une étude sur l’état des populations et la dynamique associée à leurs voies de migration et zones d’hivernage. Les résultats sont nettement préoccupants. Les Bruants ortolans du sud-ouest de la France ne sont plus que 300 000 environ, sur les 17 millions d’individus européens. Le prélèvement cynégétique a un impact considérable sur la population française. Ce prélèvement cynégétique explique plus de 50 % du déclin récent de l’espèce ! Les populations françaises déclinent même plus vite que dans le reste de l’Europe.
La Fédération Départementale de Chasse des Landes a fait amande honorable à la publication de l’étude de Jiguet et al. (2019). Elle demande désormais aux chasseurs d’ortolans d’arrêter cette activité. La Commission européenne a retiré sa plainte contre la France. Mais la menace s’est-elle envolée pour autant ? Hélas, la LPO dénonce la poursuite d’un braconnage de l’espèce, parfois « sous couvert » de complices bien placés… La « tradition » des Ortolans perdure grâce à son petit lobby.
L’impact de l’agriculture et de la destruction des habitats
La chasse n’est pas la seule responsable du déclin français du Bruant ortolan. L’agriculture intensive et la destruction des habitats expliquent pour moitié sa disparition métropolitaine. Mais expliquent aussi son net recul dans ses autres bastions ruraux, bien éloignés des traditions du sud-ouest. Il est impératif, dans le contexte actuel de crise de la biodiversité, de protéger nos habitats ruraux de toute dégradation anthropique excessive. Sinon dans un avenir proche, mon observation de ce jour appartiendra au passé.