Des micro-ARN à l’origine du développement cérébral ?

Les microARN sont liés à l’émergence du cerveau complexe chez les pieuvres ! Une étude parue dans Science Advances éclaire sur l’évolution du système nerveux complexe des Céphalopodes. Elle jette ainsi des pistes évolutives nouvelles pour les Vertébrés. En étudiant le transcriptome dans les tissus nerveux de Céphalopodes, les chercheurs ont mis en évidence une extension majeure. Pas moins de 90 nouvelles familles de miARN pour la pieuvre Octopus vulgaris !

Pour faire simple, les microARN sont des simples brins non codants d’une longueur de 21 à 24 nucléotides. Ceci est propre aux Eucaryotes. Ce sont des régulateurs post-transcriptionnels qui agissent en se fixant sur la portion non-codante 3’UTR des ARN messagers. Les chercheurs mettent en avant une phylogénie de ce caractère acquis. A savoir les gains nets de familles de microARN chez différents groupes d’animaux vertébrés ou invertébrés.

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Profil ARN chez Octopus vulgaris

La corrélation du nombre de familles miARN selon de la longueur médiane des portions 3’UTR de leurs ARN messagers et selon les espèces souligne qu’un système neuronal complexe coïncide avec la hausse des microARN et régulations post-transcriptionnelles. En d’autres termes, plus le transcriptome en microARN est riche au cours du développement embryonnaire et dans les tissus nerveux, plus les ARNm sont complexes, plus les systèmes nerveux obtenus sont de phénotypes complexes.

Les chercheurs soulignent que cette relation n’est probablement pas liée à des épisodes de duplications génomiques. Reste cependant à connaître la source et les pressions évolutives pour ces microARN. Les microARN pourraient être liés à la robustesse des processus de développement. Ou encore permettre l’évolution de nouveaux types cellulaires.

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Expansion des microARN chez les Céphalopodes et comparaisons taxonomiques

Au final, ces microARN seraient notamment impliqués dans le fonctionnement synaptique des cellules nerveuses, et les chercheurs les incluent dans l’évolution de la complexité morphologique et comportementale au sein du règne animal. De plus les Vertébrés ont eux aussi connu une hausse importante des familles de microARN. Le Poulpe en possède au total 138 familles; le poulet a 107 familles, la grenouille en a 106, le poisson zèbre en a 100. Le nombre augmente considérablement chez les Mammifères placentaires.

Il n’est donc pas exclu que l’évolution positive des microARN et de leurs cibles 3’UTR sur les ARNm soit corrélée à celle des systèmes nerveux complexes et la mise en place de cerveaux de Vertébrés comme de « pseudo-cerveaux » de Céphalopodes. Cette évolution pourrait avoir un rapport avec la conscience phénoménale ou sentience chez ces animaux. Nous savons en vérité bien peu de choses de la conscience phénoménale, des capacités cognitives, voire même une conscience hédoniste si tant que cela soit expérimentalement possible chez les Céphalopodes. Intelligents et conscients, oui, mais à quel point ?

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