Des nichoirs à Mésanges contre la chenille du Processionnaire du pin

La Processionnaire du Pin est un papillon Hétérocère de la famille des Notodontidae. Sa chenille est une redoutable prédatrice d’aiguilles de Pins, provoquant un affaiblissement du résineux. L’arbre subit alors une faiblesse physiologique qui favorise l’arrivée de phytopathogènes opportunistes.

Les chenilles du Processionnaire du Pin tissent également de spectaculaires nids de soie dans les résineux, notamment pour passer l’hiver. Au stade larvaire final, elles se déplacent en processions alors qu’elles vont individuellement former des chrysalides dans le sol.

Les chenilles de stade larvaire avancé en procession sont urticantes, en raison de la production d’une toxine – la thaumétopoéine – au niveau de dards ou micro-poils. Leurs réactions inflammatoires et allergiques sont dangereuses pour les humains & nos animaux de compagnie.

Processionnaire du pin

Lutte biologique contre les chenilles processionnaires

Le Décret n°2022-686 du 25 avril 2022 paru dans le Journal Officiel du 27/04/22 et relatif à la lutte contre la chenille Processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea) et la chenille Processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) classe d’ailleurs ces deux espèces comme nuisibles pour la santé humaine.

La lutte biologique et écologique contre la Processionnaire du Pin promeut l’avantage d’éviter le recours aux traitements insecticides chimiques. Couramment, c’est la fameuse pose de colliers éco-pièges couplés aux diffuseurs de phéromones (efficacité de l’ordre de 40%). Une autre solution possible, mais qui peut devenir rapidement laborieuse si les surfaces infestées sont nombreuses et denses, est l’échenillage mécanique.

Des nichoirs à Mésanges pour lutter contre ces ravageurs

Préconiser la pause de nichoirs à mésanges pour lutter contre les Processionnaires du Pin n’est pas nouveau. L’évaluation de l’équilibre proies-prédateurs promu par ce mode de lutte biologique ayant recours aux auxiliaires aviaires n’a été cependant menée que récemment.

En 2007, Pimentel & Nilsson montrent que la Mésange charbonnière peut répondre aux infestations locales de Processionnaires du Pin. La population reproductrice de Mésanges étant corrélé positivement avec la pression de prédation sur ses chenilles. Martin et al. (2016) ont suivi 10 ans de lutte des Mésanges contre la Processionnaire du Pin : « L’effet prédation par la mésange, favorisé par la pose de nichoirs semble avoir atteint l’objectif recherché de régulation biologique de ce ravageur » notent-ils au terme de leurs travaux. L’idée semble donc séduisante, il faut cependant y apporter quelques bémols.

La pose des nichoirs, tout d’abord, qui ne doit pas se faire à l’improviste sous risque d’effets négatifs. La présence seule de Mésanges dans la lutte biologique contre la Processionnaire du Pin reste également une pression de prédation limitée. En réalité, la prédation des Mésanges ne s’exerce pas contre tous les stades de développement de la chenille. Ce qui questionne son efficacité. De plus, favoriser la présence d’une communauté aviaire de prédateurs de la chenille de la Processionnaire du Pin à différents stades de son développement peut se révéler bien plus intéressant (Barbaro & Battisti, 2011).

Prendre en compte les autres communautés écologiques ?

De même, les Chiroptères sont de précieux auxiliaires de lutte contre les Processionnaires du Pin trop souvent oubliés. Alors que ces Mammifères sont menacés par la destruction de leurs habitats, voici l’occasion de faire d’une pierre deux coups avec des nichoirs à Chauves-souris !

Concernant les communautés sylvicoles aviaires, les Mésanges charbonnières et Mésanges bleues sont des espèces parfois agressives. Elles sont même coupables de compétitions interspécifiques. Le Gobemouche noir est un oiseau forestier et migrateur transsaharien sensible à cette compétition. Dans un contexte exacerbé par le réchauffement climatique, la compétition entre la Mésange charbonnière et le Gobemouche noir (par exemple) demeure problématique (Samplonius & Both, 2019). Surtout si la densité de Mésanges augmente localement.

Poser des nichoirs pour une lutte biologique contre la chenille de la Processionnaire du Pin est à encourager. Mais se limiter uniquement à des nichoirs à mésanges demeure donc discutable sur le plan des communautés écologiques. Certains fabricants de nichoirs artificiels l’ont bien compris. Aussi proposent-ils d’associer différents types de nichoirs pour concilier communautés d’insectivores et lutte biologique efficace.

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