Agriculture : 3600 scientifiques dénoncent la PAC européenne

Dans une tribune publiée par le journal British Ecological Society, 3600 signataires dénoncent la politique agricole commune (PAC) menée par l’Union Européenne. Pour les auteurs de cet appel, la PAC serait responsable de l’effondrement de la biodiversité européenne. De même, le maintien de son orientation actuelle ne répondra pas à l’urgence climatique à l’échelle du continent.

« L’argent public ne devrait financer que des pratiques agricoles qui respectent l’environnement «  plaident les signataires. Cette déclaration intervient alors que le budget européen 2021-2027 est en cours de négociation. Pour les signataires, les 60 milliards d’euros annuels prévus pour la PAC ne répondent pas aux enjeux environnementaux, économiques et sociétaux de l’agriculture actuelle. Au contraire, pour les auteurs de cette tribune, la PAC favorise avant tout un modèle oligarchique agro-industriel.

Les signataires s’indignent que près de 80 % des paiements vont à 20 % des plus grosses structures. Dans ce système qui valorise la puissance économique de l’exploitation, les petits agriculteurs partent perdants. Moins la superficie est importante, moins les revenus sont importants, moins les aides sont disponibles. Ce cercle vicieux ne peut que favoriser les exploitations importantes, sans aucune considération pour la qualité environnementale ni leurs pratiques. Pire encore, une partie du budget européen serait détourné par la corruption du système politique.

Briser le cercle vicieux de la PAC

Face à ce constat d’échec, les signataires proposent de renverser la tendance en accordant plus d’importance aux projets environnementaux. Ils optent ainsi pour mettre un terme aux pratiques écocides en éliminant immédiatement les aides liées à la production. Mais également de dédier 10% de la surface agricole aux habitats naturels et semi-naturels comme les haies, les bandes fleuries, fossés, talus et mares. Enfin, ils proposent la création de financements spécifiques accordés aux fermiers pour des activités de protection de la nature. Une pratique agricole déjà mise en place dans le cadre de Natura 2000.

Il faut espérer que leur message sera entendu. Malheureusement, la gestion de la crise sanitaire actuelle et les plans de relance économique envisagés ne laissent guère la place à un basculement éco-responsable de la prochaine PAC.

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