Dans notre société actuelle prônant performances, réactivité et connexion permanentes, nos rythmes naturels sont malmenés. Nous traversons également une époque d’actualités anxiogènes et de confinement psychiquement éprouvant. De plus en plus de nos concitoyens souffrent d’anxiété et de perte de repères. La crise sanitaire actuelle ne fait qu’exacerber des tensions déjà présentes dans nos modes de vie effrénés.
Il est grand temps de prendre du temps pour soi et se reconnectant avec la nature ! En effet, nos modes de vie artificiels n’ont jamais autant dégradé notre environnement. Et pourtant, de nombreux médecins vous le diront, déambuler dans la nature apporte un bien-être immédiat. Les japonais pratiquent ainsi des « bains de forêt » (ou Shinrin–yoku). Enfin, les « birdwatchers » anglo-saxons n’ont jamais été aussi nombreux à s’adonner à ce loisir. Cette sensation d’inscrire totalement son esprit dans le moment présent n’est pas sans rappeler le mindfulness de nos amis anglophones, traduit comme « pleine conscience » en français.
La pleine conscience comme hygiène de vie
Pratique inspirée de la méditation, la pleine conscience a récemment été popularisée en France par des auteurs comme Christophe André et Frédéric Lenoir. Cette expression désigne plus précisément une attitude d’attention, de présence et de conscience vigilante. Elle peut aussi bien être interne (sensations, pensées, émotions, actions, motivations … ) qu’externe (environnement, bruits, objets, événements … ).
Cette pratique tire ses origines du concept oriental ancien d’ « attention juste » ou samyak-smriti en sanskrit. Elle joue en effet un rôle important dans le bouddhisme à travers l’enseignement de Siddhartha Gautama. Dans son approche moderne et laïque, le Pr. Jon Kabat-Zinn définit la « pleine conscience » comme l’état recherché dans une pratique thérapeutique d’une forme de méditation. Ses objectifs visent la réduction du stress ou la prévention d’états dépressifs. Aussi, lui préfère-t-on parfois les expressions synonymes de « pleine présence » ou de « présence attentive » . Enfin, la bibliographie scientifique attribue à la pleine conscience des effets notables sur le stress psychologique (anxiété, dépression, douleur).
Méditer en pleine nature
La pratique de la pleine conscience en extérieur allie les bienfaits de la méditation à l’immersion dans la nature. Ces exercices permettent de travailler votre bien-être et de réduire le stress quotidien. Cependant, la pratique isolée de la pleine conscience est déconseillée aux personnes souffrant de troubles du comportement ou psychologiques majeurs. Il est alors recommandé de pratiquer après avis médical et avec l’aide d’un accompagnant.
Mais en-dehors de ces recommandations, méditer en pleine nature présente un avantage immédiat pour le corps et l’esprit. Il n’est en effet nullement nécessaire de pratiquer une méditation spirituelle ou intensive pour pratiquer ces exercices. En réalité, il suffit d’un quart d’heure minimum, dans un espace vert près de chez vous, pour s’adonner à ce loisir.
Un exercice de birdwatching en pleine conscience
Prenons donc en exemple la pratique de l’ornithologie à la manière des « bains de forêt » japonais. Dans la section suivante, je vous propose de découvrir un exercice de « birdwatching » en pleine conscience, facile a réaliser et ouvert à tou.te.s :
Concentrez-vous sur vous-même : ce moment est le vôtre. Plus rien ne compte que vous-même, votre paire de jumelles et les oiseaux alentours. Progressivement, vous rentrez dans votre propre bulle de sérénité.
Marchez dans les pas de la nature : entamez une promenade lente. Ne cherchez pas à atteindre un point d’arrivée, vous y êtes déjà. Ne vous fixez pas d’itinéraire, la nature vous guidera d’elle-même d’une découverte à l’autre.
Utiliser son intuition sensorielle : vous avez choisi de partir en forêt, dans le bocage, au bord de mer ou dans un parc arboré. Ici, seule compte la nature qui préside en toute chose. Laissez-là vous guidez, ouvrez vos sens. Votre voyage commence.
Ouvrez-vous à la nature : écoutez les chants autour de vous. D’où viennent-ils ? Que vous racontent-ils ? La nature est un livre ouvert, et vous venez de débuter un nouveau chapitre. Alors que vous observez cette Fauvette à tête noire qui chante dans un proche buisson, laissez votre esprit se projeter. Pensez comme elle, et non plus comme un humain.
Considérez la beauté de l’instant présent : respirez lentement, prenez le temps de vous arrêter pour contempler. La nature vous offre un spectacle unique. Soyez égoïste pour une fois, rien d’autre n’a d’importance que cet instant que vous vous accordez.
Acceptez la présence de promeneurs : hélas, certaines distractions peuvent venir troubler votre bain de nature. Des joggeurs ou cyclistes déboulant à toute allure, des bavardages, des cris d’enfants, peut-être encore des tirs de fusils. N’y attachez pas d’importance et vous verrez, il est plus facile de laisser couler sur vous ces désagréments que de retenir ces petite frustrations !
Détachez-vous de toute obsession : un chant d’oiseau vous échappe ? Un passereau vous pose un problème d’identification ? Ce n’est pas grave, vous n’êtes pas venu pour cela. Il y aura d’autres occasions de participer à un programme d’étude scientifique. Aujourd’hui, à cet instant, seule compte la leçon que la nature vous transmet.
