Le saviez-vous ? Les Amphibiens migrent eux aussi pour gagner leurs sites de reproduction. Bien moins spectaculaire que la migration des oiseaux, ce comportement n’en est pas moins indispensable à leur cycle de vie.
Les Amphibiens peuvent vivre pour la plupart en milieu terrestre, mais sont dépendants des zones humides pour leur reproduction. En effet, leur cycle de vie passe par une phase larvaire aquatique, avant d’entamer une métamorphose vers l’âge adulte. Au cours de l’année, ils se déplacent alors pour gagner leurs sites de reproduction, d’estivation puis d’hibernation. Ces différents habitats ne sont éloignés que de quelques kilomètres maximum, mais à l’échelle de ces petits animaux, le voyage représente un véritable défi semé d’embûches !
En fin d’hiver, les Amphibiens regagnent leurs sites de reproduction. Ce comportement migratoire est d’autant plus spectaculaire que nous ignorons encore quels signaux exacts conditionnent le départ des Amphibiens, ni comment ils parviennent précisément à s’orienter au cours de leur voyage. La température et l’humidité demeurent des facteurs importants pour ces animaux à sang froid, mais les vagues migratoires peuvent s’échelonner entre janvier et mars même lors de conditions défavorables ! Selon certains auteurs, il semblerait que l’élément déclencheur soit autant lié aux impulsions hormonales qu’aux facteurs saisonniers.
Cette migration de fin d’hiver est la plus spectaculaire, car elle permet d’observer facilement les Amphibiens. Hélas, elle est également synonyme d’hécatombe pour ces animaux, victimes d’obstacles mortels parfois impossibles à franchir. Le principal ennemi d’un crapaud migrateur reste cependant le trafic routier. En effet, le découpage de son habitat par un axe de circulation complique sérieusement ses déplacements, et nombreux sont les Amphibiens victimes de collisions en cette période…
Afin de limiter au maximum la mortalité routière, différentes mesures sont mises en place par les associations de protection de l’environnement et par les pouvoirs publics. Certains axes routiers, particulièrement mortels ou traversant l’habitat d’espèces menacées, sont fermées à la circulation le temps de la migration. D’autres axes bénéficient de crapauducs : il s’agit d’installations permanentes forçant le passage des Amphibiens sous la route. Enfin des barrières-pièges temporaires les interceptent avant de traverser la route et les capturent dans des collecteurs prévus à cet effet. Un réseau de bénévoles assure ensuite le ramassage de ces animaux qui peuvent ainsi gagner leurs quartiers de reproduction en toute sécurité.
La plus grande prudence au volant est de mise tout au long de l’année. Car pour bon nombre d’Amphibien, à la saison des amours succède début mai la migration vers les habitats estivaux. Enfin, au début de l’automne, certaines espèces entament une dernière migration vers leurs sites d’hivernage. Bien plus complexe que le schéma classique d’aller-retour observé chez les Oiseaux, le schéma migratoire des Amphibiens varie considérablement d’une espèce à l’autre, voire d’une population à l’autre !
Les Amphibiens apportent également de nombreux services aux écosystèmes. Au cœur des chaînes alimentaires, ils prélèvent ainsi de nombreux Invertébrés et nourrissent des prédateurs emblématiques comme la Loutre d’Europe. Leurs habitats sont cependant en diminution, victimes de la destruction des zones humides. Chaque année, des millions d’Amphibiens s’élancent vers les points d’eau qui les ont vu naître. Grâce à l’intervention des bénévoles et des services publics, des milliers d’Amphibiens sont sauvés. Un espoir supplémentaire pour la biodiversité, alors que se profilent toujours plus de dangers pour sa conservation.