Rachel Carson – Printemps silencieux

Rachel Carson

Quelques mots sur ce livre que j’ai relu en ce début d’été. Comme un besoin de renouer avec les racines du combat écologique sans se préoccuper de politique actuelle. Et ce fut salutaire de se replonger dans cet ouvrage. « Silent Spring » paraît en septembre 1962, livre engagé et considéré alors comme subversif, qui a valu à Rachel Carson une forte opposition de l’industrie agrochimique. Son combat lui valut une vague d’attaques misogynes et personnelles de toutes sortes.

Et pourtant, la méthode Carson fait mouche. Son objectif consiste à écrire un livre grand public, mais étayé des faits scientifiques implacables. Elle nous livre le récit d’une lutte chimique acharnée et irraisonnée contre la Nature. Comme si ses contemporains employaient l’arme atomique pour souffler les feuilles mortes du gazon.

Le titre même de « Printemps silencieux » provient d’exemples atterrants d’emplois massifs de produits phytosanitaires hautement toxiques. Les conséquences ? L’annihilation locale de l’avifaune. Une époque hallucinante où l’on répandait massivement dans l’environnement des substances hautement toxiques. D’aucuns diront que ces ravages furent réversibles, certes. Mais uniquement parce que ces traitements hallucinants furent stoppés ! Et sans la lanceuse d’alerte Rachel Carson, quelle serait la situation aujourd’hui ? Si ce n’est une nature dévastée et un environnement mille fois plus toxique ?

La force de la méthode Carson, c’est aussi son approche systémique, reliant la contamination aux cycles biogéochimiques de l’eau, aux données de son époque sur la bioaccumulation. Bref une vision d’ensemble, qui souligne l’importance de la recherche scientifique dans le débat environnemental. Mais surtout, l’ouvrage de Carson s’adresse à tous. Répétons-le, n’est pas un manifeste politique. Tout simplement parce que la défense de l’environnement nous concerne tous. Son livre permet ainsi de dépasser les clivages politiques pour qui veut s’en donner la peine. Bref, ces chroniques de la folle guerre chimique contre le Vivant ne peuvent que sensibiliser et inspirer nos concitoyens, même soixante ans après sa parution.

Les commentaires sont clos.