L’écrasante biomasse des activités humaines

En début d’année, Greenspoon et al. (2023) publiaient dans la revue PNAS un article de recherche sur la biomasse globale des Mammifères. Ce travail d’écologie fondamentale permettait de réviser les chiffres actuellement disponibles, mais révélait tout autant une réalité frappante. Notre espèce fait très largement balancer le plateau de son côté. Et les chiffres sont tellement disproportionnés qu’ils en donnent le vertige.

Les Mammifères sont certainement les Animaux les plus populaires auprès du grand public, ainsi que les mieux représentés en matière de conservation. Mais pour autant, l’estimation de leur biomasse globale n’était encore trop mal connue. Afin de réviser les chiffres précédemment disponibles, les auteurs de cette étude proposent donc leurs propres calculs et interprétations. Ces données ont pour objectif non seulement de servir de référence, mais aussi de porter un regard comparatif entre Mammifères sauvages et activités humaines.

Comparaison des biomasses de Mammifères (Greenspoon et al., 2023)

Cette nouvelle estimation de la biomasse globale des Mammifères sauvages avance le chiffre de 60 millions de tonnes (Mt) pour l’ensemble des espèces présentes sur Terre. Un chiffre dantesque, qui interroge une fois comparé à la biomasse humaine (390 Mt) et celle de nos animaux domestiques (630 Mt). Pour une biomasse totale de 1080 Mt, nous représentons 1020 Mt soit 94,5 % du total global.

Cet indicateur, qui a le mérite d’être à la fois simple et très visuel, nous force à nous interroger. Avec une part aussi écrasante de biomasse globale, l’humanité et ses activités prédominent la biosphère. Il n’est pas ici question de répondre à ce constat par des discours simplistes de décroissance démographique et d’eugénisme. Mais d’interroger nos modes de consommation actuels. L’impact environnemental et climatique de l’élevage intensif n’est plus à démontrer. Les effets négatifs de la viande rouge sur la santé interrogent les experts médicaux. Notre surproduction animale est-elle dans ces conditions soutenable ? Autant pour notre santé que pour l’environnement, cet indicateur de biomasse globale ne peut que nous éclairer dans notre réponse.

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