Agriculture et qualité de l’air : un impact révélé

Fin mars 2020, en plein confinement, les mesures de concentrations en particules fines PM10 sur le nord de la Bretagne dépassaient le seuil d’alerte. Cet épisode printanier de pollution particulaire signalé par Airbreizh résultait d’une conjonction de différents facteurs :

  • Des conditions météorologiques propices à l’accumulation des polluants (temps ensoleillé, conditions atmosphériques stables, vents faibles).
  • Des émissions locales de particules fines PM10 liées aux rares activités autorisées en cette période de confinement. Et plus précisément les activités agricoles (épandage et émissions d’ammoniac générant des particules secondaires).
  • Une hausse des émissions de PM10 liées aux chauffages des particuliers (et notamment le chauffage au bois).
  • Des transferts de masses d’air chargées en particules en provenance du Nord-Est.
Crédits : Wikimedia

Une mise en évidence liée au confinement

Avec les mesures de confinement prises par le gouvernement durant la crise sanitaire du Covid-19, la qualité de l’air s’est nettement améliorée sur l’ensemble du territoire. Ceci est lié à une diminution notable des concentrations en dioxyde d’azote (NO2), polluant lié au trafic automobile. L’effet est cependant moins marqué pour les particules fines (PM10 et PM2.5) dont les sources sont essentiellement d’origines résidentielles (chauffage) et agricoles (épandages, engrais, élevages).

Le pic breton observé fin mars montre que la diminution actuelle du trafic routier et des activités industrielles ne suffit pas à compenser l’augmentation des émissions particulaires, liée au chauffage et aux activités agricoles. L’épisode a persisté durant quelques jours avant que les conditions météorologiques favorisent la dispersion des polluants.

Des rejets azotés d’origine agricole

L’épandage et l’utilisation de fertilisants sont des sources importantes de rejet d’ammoniac dans l’air. Pour enrichir les sols, les agriculteurs y déposent du lisier, riche en azote. Mais une partie de cet azote s’échappe dans l’eau comme dans l’air, générant de l’ammoniac. En Bretagne, l’agriculture serait responsable de 97 % des rejets d’ammoniac dans l’air, selon des chiffres de l’Ineris.

Pour faire face à ce problème, la chambre d’agriculture de Bretagne a publié un « Guide des bonnes pratiques agricoles pour l’amélioration de la qualité de l’air » . L’une des solutions consisterait à investir dans du matériel d’épandage plus moderne. Une « rampe à pendillards » permet d’enfouir le lisier et d’éviter sa dispersion dans l’air. Mais le surcoût se chiffre à 2.500 voire 3.000 euros par mètre d’épandeur. La consommation grandissante d’urée comme source d’engrais azoté est également pointée du doigt. En effet, cette molécule organique bien moins chère pour l’agriculteur produit jusqu’à deux fois plus de rejets ammoniacaux dans l’air.

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