Les services écosystémiques et leur gestion

L’Homme tire bénéfice depuis toujours de ses interactions avec la nature. Les ressources disponibles et gratuites qu’il tire de son environnement font partie intégrale de son développement. Mais elles soulignent également sa dépendance au bon fonctionnement des écosystèmes. Car en ce début de XXIème siècle, l’Homme doit faire face à de nouveaux enjeux. L’appauvrissement des ressources naturelles et le déclin de la biodiversité sont de véritables menaces pour notre développement. Enfin, nos modes de vie urbains n’ont jamais été aussi déconnectés de la nature. La crise sanitaire de la Covid-19 témoigne de notre dépendances vis à vis de la Nature. Aussi, considérer également la nature en terme de « valeur utile » apparaît donc comme une réflexion particulièrement pertinente en écologie.

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Château de Clémensat en automne. Crédit photographique : Guillaume Calu

Aux origines du concept

De ces réflexions est né en 1997 le concept de service écologique. L’article de Costanza (Costanza et al., 1997) paru dans la revue Nature pose les bases économiques de cette notion. Cette publication avance ainsi une valeur totale de 33 000 milliards de dollars pour 17 services écosystémiques. Cette approche s’est ensuite répandue grâce aux travaux de l’ONU sur l’Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire (Millenium Ecosystem Assessment, 2005). Ces travaux, menés entre 2001 et 2005, ont impliqué pas moins de 1300 experts originaires de 50 nationalités différentes.

Ces travaux mettent ainsi en lumière les interactions entre le fonctionnement des écosystèmes et le bien-être social et économique. De cette réflexion émerge aussi le schéma de développement durable, enclin à concilier les aspects écologiques, économiques et sociétaux. Mais ce rapport montre également la fragilité de ces écosystèmes, pourtant indispensables à notre survie. En effet, 60 % des services écologiques sont dégradés à l’échelle mondiale, alors que 40 % de notre économie reposent sur ces mêmes services (MEA, 2001). En 2010, l’indicateur TEEB (The Economics of Ecosystem and Biodiversity) estimait que d’ici 2050, si les dégradations des services écosystémiques se poursuivent, leur impact négatif se chiffrerait à hauteur de 7% du PIB mondial.

La notion de service écosystémique s’appuie donc sur une estimation de la valeur (monétaire ou non) des écosystèmes terrestres. Cela va dans le sens des services rendus gratuitement par ces écosystèmes à l’Humanité toute entière. De même, cette dépendance de nos civilisations aux écosystèmes reste totale. Car l’Humanité ne peut envisager de développement durable sans conservation et préservation de ces fragiles écosystèmes naturels.

Identifier les services écosystémiques

Il est possible de classer les services écosystémiques en 4 catégories :

  • Support ou soutien : services fondamentaux à l’origine des conditions biotiques à la surface de la Terre.
  • Approvisionnement ou production : liés aux produits fondamentaux ou ressources naturelles utilisées directement par nos secteurs d’activités.
  • Régulation : permettent de modérer ou régulier les phénomènes naturels et les perturbations anthropiques.
  • Culturels : ces bénéfices non-matériels sont cependant utiles à l’Humanité en raison de l’enrichissement intellectuel ou le bien-être qu’ils procurent.
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Gestion rationnelle des ressources exploitables

Face à la dégradation des écosystèmes, leur gestion durable afin de conserver leurs qualités de services apparaît donc indispensable. Afin d’assurer une synergie entre développement économique, bien-être sociétal et protection des écosystèmes, apparaît le concept de développement durable. Depuis sa mise en avant lors de la Conférence de Rio, en 1992, le développement durable est devenu partie intégrante de la réflexion autour de la conservation de la nature. En ingénierie écologique, il se retrouve notamment à travers la notion de séquence ERC.

La notion de service écosystémique introduit donc l’idée d’une nature gérée par l’activité humaine. Très anthropocentrée, elle place ainsi les écosystèmes au cœur de notre économie et de nos sociétés. De même, en identifiant les différents acteurs liés aux territoires étudiés, l’écologie appliquée tend à hiérarchiser leurs besoins. La gestion des écosystèmes apparaît alors, selon certains acteurs du territoire, comme non-intégrante. Elle peut même s’apparenter comme restrictive et punitive.

Et pourtant, la protection des écosystèmes n’est pas un frein à l’aménagement du territoire mais l’opportunité d’un développement à plus long terme. En effet, la gestion des services écosystémiques illustre comment une prise en compte de la nature influencer et favoriser des activités humaines durables ancrées dans les territoires. En définitive, le concept de services écosystémiques se présente avant tout comme un guide d’interprétation du rôle de l’Homme dans les écosystèmes. Il tend à démontrer nos interactions, mais également nos responsabilités vis à vis de la conservation des écosystèmes. Ainsi, le concept de service écosystémique aborde aussi un questionnement éthique de nos relations profondes et durables avec la Nature.

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